Les inondations, souvent aujourd’hui perçues comme néfastes par l’Homme, sont pourtant indispensables à l’écosystème “rivière”et au cycle de l’eau. Il n’est pas souhaitable et totalement illusoire d’espérer un jour ne voir plus déborder nos rivières.
Il faut au contraire anticiper et penser l’aménagement du territoire en tenant compte du risque inondation à travers les problématiques d’imperméabilisation des sols, la gestion des cours d’eau ou encore les documents d’urbanisme, afin que celui-ci ne soit pas un danger pour nos populations locales, et au contraire un bienfait pour le bon fonctionnement de l’hydrosystème.
Le lit majeur
Le lit majeur est l’espace occupé par les eaux d’inondation d’un cours d’eau. Il est facilement repérable dans le paysage, car il forme souvent de vastes plaines à très faible pente de part et d’autre du cours d’eau. Certains ruisseaux aux pentes plus importantes, ne possèdent pas de plaines alluviales, mais les inondations y existent aussi.
Un espace indispensable à la bonne santé de nos rivières…
Les inondations font partie intégrante des processus indispensables au bon fonctionnement de l’hydrosystème. En effet, le lit mineur n’a pas la capacité suffisante pour contenir les volumes d’eau lors des fortes précipitations. Le débordement des eaux hors du lit mineur vers le lit majeur permet alors le ralentissement des vitesses d’écoulements et l’effondrement de la force hydraulique, limitant ainsi l’intensité des crues.
Les inondations favorisent la fertilisation des sols par le dépôt des sédiments chargés de matières organiques. Elles améliorent la qualité des eaux grâce aux infiltrations à travers la plaine alluviale. Le lit majeur, constitué de prairies, fonctionne comme une éponge, en stockant l’eau dans ses sols lors des épisodes pluvieux et la restitue lors des périodes sèches ou le niveau d’eau des rivières est au plus bas. Il permet ainsi l’écrêtement des crues en périodes hivernales et le soutien à l’étiage lors des périodes estivales.
La dynamique fluviale, processus d’érosion et de sédimentation, engendre le déplacement latéral et longitudinal du lit mineur, et est à l’origine de la formation de plaine alluviale. Les anciens méandres, noues, et autres mares au sein du lit majeur sont des vestiges historiques du déplacement des rivières. Ces espaces aquatiques sont indispensables au cycle de vie de nombreuses espèces animales et végétales.
…mais aussi indispensable à la sécurité des populations riveraines.
Un espace qui doit être préservé, afin de préserver la sécurité publique.
Historiquement, nos villages ou villes sont construites autour des cours d’eau à l’apparence tranquille. Mais ceux-ci peuvent se transformer en torrents, à la puissance démesurée lors de fortes précipitations. Malheureusement l’actualité nous rappelle trop souvent ce fait.
Le lit majeur est l’espace tampon permettant d’accueillir ce trop-plein d’eau et d’en limiter les effets. Or de nos jours ce lit majeur de par sa configuration même, est convoité par l‘urbanisation de toutes sortes (zone industrielle, lotissement, réseaux routier,…). En plus de rendre imperméable des surfaces devant servir d’éponge naturelle, celle-ci viennent occuper un volume qui devrait être préservé pour le stockage des eaux lors des inondations.
Outre ces lits majeurs rendus par l’homme non inondable, nos plaines alluviales subissent des pressions de tout part :
- la mise en culture et le drainage des prairies alluviales entrainent un effondrement de sa capacité de stockage d’eau et augmentent le risque d’érosion des sols, réduit les qualités naturelles et physiques de ces zones humides ;
- les travaux lourds de curage et de rectification des cours d’eau qui diminuent les fréquences des crues, mais en augmentent leur intensité, et provoque l’effondrement des nappas d’accompagnement du cours d’eau.