Voilà un projet qui nait de la volonté d’un petit groupe d’agriculteurs BIO, situé sur le bassin versant des Nied, souhaitant résoudre des problématiques communes de gestion des excès et des manques d’eau au cours de l’année sur leurs fermes.
Après cinq années climatiques « perturbées » par la succession de sècheresses printanières et estivales, et des hivers très humides ou des pluies printanières violentes, le constat est là : l’indispensable nécessité de s’adapter au changement climatique, et permettre aux fermes plus de résilience face aux aléas climatiques.
Le constat est également partagé par l’EPAGE des Eaux Vives des 3 Nied, qui subit la récurrence accrue des épisodes extrêmes, entrainant des assecs dans les cours d’eau, des ruissellements et des érosions des sols lors des épisodes pluvieux. Ces extrêmes rendent vulnérables les milieux aquatiques et renforcent les aléas (ruissellements, inondations,…). Le parcours de la goutte est fortement dégradé sur le bassin versant des Nied : L’eau tombe, mais ne s’infiltre plus, l’eau n’est plus ralentie sur les versants, en résumé « le tout tuyau et toujours plus vite vers l’aval » est la norme.
Inspiré du concept de l’Hydrologie Régénérative, le projet « Cultivez l’eau en vallée de Nied » consiste à porter une réflexion et un nouveau regard sur les nouvelles pratiques agricoles et les aménagements du paysage pouvant être mis en œuvre, afin de favoriser le ralentissement, l’infiltration, le stockage (au sein du paysage), et l’évapotranspiration de la goutte d’eau pour à la fois préserver la ressource en eau et limiter les effets des sécheresses.
Porté par BIO en Grand Est en partenariat avec L’EPAGE, le projet a permis de former, d’une douzaine de fermes volontaires, au concept de l’Hydrologie Régénérative. La démarche a été poursuivie par des réflexions collectives et individuelles, accompagnées par des experts, afin d’adapter les solutions aux conditions pédoclimatiques et topographiques locales. Les leviers identifiés relèvent de la gestion des flux d’eau (ralentissement et infiltration), de la gestion des sols (sols vivants et matières organiques, tassements), et de l’implantation et de gestion des éléments boisés (haies, bosquets, trognes,…).
Ce projet soutenu par l’Agence de l’Eau Rhin Meuse, pourrait permettre la mise en œuvre des premières actions sur les fermes dès cette fin d’année. Il s’agit de constituer un réseau de fermes expérimentales et novatrices, pouvant être source d’inspiration pour une gestion plus durable de nos territoires. L’enjeu pour l’EPAGE étant d’exporter ces réflexions à l’échelle du bassin versant, en intégrant les différents acteurs (collectivités territoriales, gestionnaires d’infrastructures, gestionnaires de réseau pluviales…), afin de redessiner un nouvel aménagement du territoire apte à cultiver l’eau et résilient face aux aléas climatiques.